La fascinante épopée de la dynastie mystique et artistique des Roerich

Nicolas Roerich
Des profondeurs de l’Himalaya aux États-Unis, la famille de Nicolas Roerich s’est toujours efforcée, sur fond d’enseignements philosophiques et spirituels, de rapprocher les peuples et de prôner la paix.

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Roerich. Ce nom est inscrit dans les annales de la culture mondiale et russe. Nicolas, Elena, et leurs fils, Iouri et Svetoslav. L'extraordinaire harmonie de cette famille, représentant l'essence de l'unité spirituelle et créative, dans laquelle chacun était exceptionnellement doué, ne suscite que l'admiration.

Invités d'Outre-mer, 1901

Nicolas Roerich appartient à la pléiade de figures exceptionnelles de la culture russe. Artiste, scientifique, voyageur, activiste social, écrivain, penseur – ses dons polyvalents ne sont comparables en magnitude qu'à ceux des titans de la Renaissance. L'héritage artistique de Roerich est vaste : plus de sept mille tableaux dispersés dans le monde entier, d'innombrables œuvres littéraires – livres, esquisses, articles, journaux intimes...

Portrait de Nicolas Roerich

Après avoir achevé son cursus initial à l’école Karl Maï, à Saint-Pétersbourg, en 1893, Nicolas Roerich s'inscrit simultanément à la faculté de droit locale (diplômé en 1898) et à l'Académie impériale des arts. À partir de 1895, il travaille dans l'atelier du célèbre Arkhip Kouïndji. À cette époque, il est en contact étroit avec des personnalités culturelles éminentes d’alors, telles que Stassov, Répine, Rimski-Korsakov, Grigorovitch et Diaghilev.

Le dernier ange, 1912

En 1897, Roerich achève sa formation à l'Académie des arts de Saint-Pétersbourg, et son œuvre de diplôme Le Messager est achetée par le célèbre collectionneur d'art russe Pavel Tretiakov. En Russie, les plus grandes collections de toiles de Roerich père sont aujourd'hui conservées à la Galerie Tretiakov et au Musée des arts orientaux de Moscou.

Le Messager, 1897

De nombreuses peintures de l'artiste étaient basées sur les images, les pensées et les idées créatives de sa femme Elena. Néanmoins, les perceptions de cette dernière ne s'expriment pas seulement dans ses tableaux – il est difficile de citer un seul domaine d'activité de Roerich dans lequel elles ne figurent pas. Derrière chaque acte créatif de Nicolas – qu'il s'agisse de ses poèmes, de ses récits, de ses peintures ou de ses voyages – se cachait Elena. En 1902 naît leur fils Iouri, futur orientaliste connu sous le nom de George de Roerich, et en 1904 Svetoslav, qui s'engagera dans la même voie artistique que son père.

Portrait d'Elena Roerich, 1931

En 1903-1904, Roerich et sa femme voyagent à travers la vieille Russie. Ils visitent plus de 40 villes et villages, célèbres pour leurs monuments anciens. Le but de ce périple était d'étudier les racines de la culture russe. Il en résulte non seulement une importante série de peintures, mais aussi les premiers articles de Roerich, dans lesquels il est l'un des premiers à exprimer l'immense valeur artistique de la peinture d'icônes et de l'architecture de la Rus’ médiévale. À cette époque, ses tableaux abordent également des thèmes religieux, exécutés sous la forme de peintures murales et d'esquisses de mosaïques pour les églises russes.

Pâques russes, 1924

Le talent multiforme de Nicolas Roerich se manifeste clairement dans ses travaux pour des productions théâtrales. Dans les célèbres Saisons russes de Diaghilev, les Danses polovtsiennes de l’opéra Prince Igor de Borodine, la Pucelle de Pskov de Rimski-Korsakov et le ballet Le Sacre du printemps de Stravinsky présentaient tous des décors et des costumes conçus par lui.

Esquisses de costumes de courtisans, 1912, costumes pour le ballet du Sacre du printemps, 1912, et pour l'opéra Prince Igor, 1914

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Grâce à Elena, Nicolas Roerich se familiarise avec l'œuvre des grands penseurs indiens Râmakrishna et Vivekananda, et avec le canon littéraire de Rabindranath Tagore. Avec sa femme, il étudie les Upanishad, textes philosophiques à la base de la religion hindoue. La connaissance que Roerich a de la philosophie orientale se reflète dans son œuvre. Alors que dans les premières peintures de l'artiste, les motifs déterminants s’avéraient l'ancienne Russie païenne, les épopées folkloriques hautes en couleur et les images de la splendeur primitive encore épargnée, au milieu des années 1900, les thèmes indiens et orientaux apparaissaient plus fréquemment dans ses peintures et ses écrits.

Le grand cavalier Rigden Jyepo, messager de Shambhala, 1927

En mai 1917, une grave maladie pulmonaire oblige Roerich et sa famille, sur l'insistance de ses médecins, à s'installer à Sortavala, en Finlande, sur les rives du lac Ladoga. Suite aux troubles révolutionnaires de 1917, ce pays ferme toutefois ses frontières avec la Russie, coupant les Roerich de leur patrie. À l'automne 1919, Nicolas accepte une invitation de Diaghilev à travailler comme décorateur pour la mise en scène d'opéras de Moussorgski et de Borodine à Londres. Il s'installe par conséquent avec ses proches en Angleterre.

Sainte Sophie, la sagesse toute-puissante, 1932

Comme le disait Roerich, « L'homme ne découvre la beauté qu'à travers la culture, dont une partie indissociable est la créativité ». Ce concept a été exposé dans les livres Éthique vivante, que les Roerich ont directement contribué à composer. Cette série d’ouvrages est le résultat de leurs discussions philosophiques, au cours desquelles Elena prenait des notes et Nicolas immortalisait les idées cosmiques dans une imagerie artistique fine.

La mère du monde, 1924

Cherchant à incarner ces idées, Roerich entreprend ensuite un vaste programme d'activités culturelles et éducatives en Amérique. En novembre 1921, il ouvre à New York l’Institut de maîtrise des arts unis, dont l'objectif principal est de rapprocher les différents peuples par la culture et l'art. Presque simultanément, la Société artistique internationale Cor Ardens (« Cœur ardent ») est créée à Chicago, tandis que le Centre culturel international Corona Mundi (« Couronne du monde ») apparaît en 1922.

Oïrot, messager du burkhant blanc, 1925

En 1923, Svetoslav Roerich se rend pour la première fois en Inde. Il se familiarise avec les chefs-d'œuvre architecturaux les plus célèbres de la culture locale, ainsi qu'avec la richesse de l'art ancien et moderne du pays. Là, il se lance dans sa collection unique d'œuvres orientales, qui a depuis été presque entièrement perdue.

Jeune fille à la coiffe jaune, années 1930

En juillet 1928, les Roerich fondent l'Institut Urusvati d'études himalayennes (« Urusvati » signifie « Lumière de l'étoile du matin » en sanskrit). C'est là, dans la vallée de Kullu, dans l'Himalaya occidental, que Nicolas et sa famille trouvent leur foyer. L'Inde sera la toile de fond de la dernière période de la vie de Nicolas.

Bouddha vainqueur, 1925

En 1930, en prévision de la guerre, Nicolas Roerich rédige un traité spécial sur la préservation des biens culturels en temps de conflit et de troubles civils. Le Pacte Roerich possède une valeur éducative importante. « Le Traité sur la protection des trésors culturels est nécessaire non seulement en tant qu'instrument officiel, mais aussi en tant que loi éducative permettant d'imprégner la prochaine génération d'écoliers de nobles idées sur la préservation des vraies valeurs de toute l'humanité ». Cette initiative culturelle a trouvé un large soutien au sein de la communauté mondiale. L'idée a été saluée notamment par Romain Rolland, Bernard Shaw, Albert Einstein et Tagore. La signature du traité a eu lieu le 15 avril 1935, à la Maison Blanche, à Washington.

Le pacte de la culture, 1931

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Dans cet autre article, nous comparions les toiles de Roerich aux lieux réels représentés.

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