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Pavel Fedotov (1815-1852) eut l’idée du sujet de cette toile à la lecture d’un article anonyme intitulé Lettre à un fiancé de province d’un ami de la capitale paru en 1848 dans le journal Le Contemporain (Современник – Sovrimiénik). Son auteur était l’écrivain Ivan Gontcharov. Il y critiquait ceux qui cédaient à la mode. « Pour pouvoir porter aujourd’hui une culotte d’une couleur à la mode avec des passepoils en vente depuis deux jours seulement [...] il mangera mal pendant deux mois entiers », raillait l’auteur d’Oblomov. Il demandait à son correspondant s’il n’avait pas essayé de se présenter à l’improviste « chez de pareils gens et de les prendre au dépourvu ». Pavel Fedotov apporta la réponse à cette question.
Pavel Fedotov
Galerie TretiakovLe personnage représenté sur ce tableau est habillé à la dernière mode pseudo-orientale. Il porte un bonnet aux motifs orientaux, un peignoir en soie avec des pompons, une large culotte et des babouches turques. On le dirait sorti d’un journal de mode : il n’a aucun vêtement ou accessoires passés de mode et est entouré de colifichets.
Des gravures de danseuses sont accrochées à un mur, on aperçoit un buste de Franz Liszt. Sur le dos de la chaise au premier plan, on voit des affiches de théâtre. Même la corbeille à papier est inhabituelle : elle a la forme d’une amphore grecque.
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Le personnage de Pavel Fedotov tente de suivre la mode en tout : il fume des cigarettes à bout de carton (папиросы – papirossy) – on en distingue une dans le cendrier. Elles étaient en vogue à l’époque. Le chien, un caniche, est de la même race que celui de l’empereur Nicolas Ier.
Le jeune homme vient de sauter de son fauteuil entièrement tendu de tissu. Eux aussi étaient alors très à la mode. Un tapis, qui a connu des jours meilleurs, recouvre partiellement le sol. Ce sont là les deux seuls meubles qui donnent un peu de lustre à la pièce. Les autres, peut-être laissés par les occupants précédents, sont vieillots. Ce jeune homme vit dans une seule pièce qui lui sert à la fois de cabinet de travail, de chambre et de salle-à-manger. Les fils de petits propriétaires terriens venus conquérir la capitale étaient souvent contraints de s’imposer de telles conditions de vie.
À moins qu’il ne puisse se permettre mieux parce qu’il a fait des dettes aux jeux. Les cartes sous le bureau incitent à penser qu’il s’adonne aux jeux de hasard. Comme le montre son portefeuille vide sur le bureau, il ne roule pas sur l’or. Ce qui explique qu’il n’ait plus de domestique pour introduire ses hôtes. La cloche sur son bureau indique qu’il en avait eu un.
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La personne, qui soulève seule la portière, arrive de façon inopportune au moment où le jeune homme prend son petit-déjeuner qui consiste en un seul morceau de pain. La bouche encore pleine, celui-ci le cache à la hâte sous un livre. Cette frugalité sied mal à un « aristocrate » qui a mis de côté sur la chaise une publicité pour des huîtres. Qui s’annonce donc ? Un créancier ? Pavel Fedotov ne répond pas à cette question. On comprend seulement qu’il se présente dans la matinée ou dans la journée. Il porte des gants de couleur crème. Le soir, il en aurait mis des blancs.
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