Frédéric Beigbeder.
Maria TchobanovRag Union, réalisé par Mikhaïl Mestezki a remporté cette année le grand prix du Festival. « Le premier film qui décoiffe », comme l’a présenté le président du jury, l’écrivain, journaliste et réalisateur Frédéric Beigbeder. Il a écrit sur son Twitter : THIS MOVIE IS FUNNY AND CRAZY… LIKE RUSSIA !!
« Le choix n’a pas été facile. Les sept films en compétition avaient tous de grandes qualités. Ils nous parlent non seulement de la Russie, mais de tous les problèmes du monde actuel. On a vu Dislike, une satire de la folie des réseaux sociaux, l’Encaisseur, dénonçant le cynisme des organismes de crédit, Rag Union dans lequel quatre adolescents échouent à faire la révolution et réussissent à devenir adultes, soit quatre versions possibles de l’Apocalypse, Le jour d’avant, un conte de fée revisitant le mythe de la roussalka [naïade ou sirène de la mythologie slave, ndlr], aquatique et tragique, Le poisson-rêve, la mélancolie rêveuse d’un premier amour en colonie de vacances, Petit oiseau et enfin une fable footballistique pour faire l’éloge de la tolérance sur le terrain. Le jury a véritablement été impressionné par l’excellent niveau de tous les films, les dialogues brillants, les acteurs puissants, les images inventives, beaucoup de vodka et toujours, la beauté et la folie de l’âme russe. Et surtout cet humour sarcastique que personne ne parviendra jamais à censurer », avait longuement résumé Frédéric Beigbeder, président du jury en introduisant la cérémonie de remise des prix, le 26 novembre.
Crédit : Maria Tchobanov
Crédit : Maria Tchobanov
Crédit : Maria Tchobanov
Le public a de son côté voté pour le film d’Edouard Bordoukov Le Terrain, qui était représenté à Honfleur par la famille des producteurs, Elena Glikman et Mikhael Degtyar, ainsi que leur fils Kirill Degtyar, qui a joué l’un des rôles principaux.
Le film traite des conflits ethniques qui touchent les grandes villes de Russie. On y voit s’affronter deux groupes d’adolescents, « les Russes » et « les Caucasiens », l’expression utilisée pour qualifier les non-slaves.
« Ces supposés Caucasiens, que l'on voit dans le film, ont été joués par des acteurs-adolescents de différentes origines et confession : juifs, Ossètes, Arméniens, Azerbaïdjanais, Tadjiks ou encore Ouzbeks. Hasard du casting, tous habitent aujourd’hui à Moscou. Mais ce film dépeint également une tranche du monde moderne. Nous vivons dans ce monde, tous différents et le modèle que nous présentons dans le film, nous semble le plus juste pour y vivre », a expliqué Elena Glikman.
L’Encaisseur, écrit et réalisé par Alexeï Krasovski a reçu le prix François-Chalais du meilleur scénario, ainsi que le prix du Meilleur premier film, décerné par la Région Basse-Normandie. Konstantin Khabenski, acteur principal et unique du film, a eu une mention spéciale du jury pour son jeu exceptionnel.
« C’est mon premier film, j’ai mis du temps pour aller au bout de mon idée parce que je voulais faire un film totalement indépendant, sans l'appui de l’Etat. Pour moi, c’est une vraie victoire du cinéma indépendant. J'espère vivement que, après les films indépendants nous verrons apparaître en Russie des chaînes de télévision indépendantes et des tribunaux indépendants », a déclaré le réalisateur en recevant son prix.
Les prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice ont été décernés à Vladimir Michoukov et Severija Janusauskaite pour leur rôle dans le film d’Anton Bilzho Le Poisson-rêve.
Crédit : Maria Tchobanov
Crédit : Maria Tchobanov
Crédit : Maria Tchobanov
« Nous avons été touchés par sa sensibilité, sa justesse, sa délicatesse, sa drôlerie », a expliqué l’actrice Victoria Olloqui, en remettant son prix à l’acteur russe, qui a avoué se sentir pousser des ailes.
« C’est un vrai privilège d’être ici et de découvrir le travail de ces jeunes réalisateurs. Je suis toujours fascinée par ce qu’on appelle cette âme slave. Tous les films sont empreints de cette énergie de la jeunesse, de cette énergie créatrice. Comme on décerne le prix de la meilleure actrice, je voudrais rajouter qu’on aimerait voir dans le cinéma russe, comme dans beaucoup d’autres cinémas, des rôles de femmes encore plus présents sur les écrans. Celle que nous récompensons ce soir, c’est une actrice, qui joue avec son corps, qui n’a pas énormément de dialogues, mais elle reste mystérieuse, magnétique, énigmatique », a fait remarquer l’actrice Cyrielle Clair, en annonçant le choix du jury pour la distinction de la meilleure actrice.
En 2017 le Festival du cinéma russe à Honfleur fêtera ses 25 ans. « Nous allons préparer tous ensemble une grande fête pour célébrer le cinéma russe et l’amitié franco-russe », a promis Alexander Orlov, l’Ambassadeur de Russie en France, lors de la cérémonie de clôture du festival, qui s’est déroulée, comme d’habitude, dans une atmosphère très chaleureuse, tout en sourires.
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