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La première mention du café se trouve dans des documents russes en 1665, lorsqu'il fut prescrit au tsar Alexis Ier comme remède contre les ballonnements, les maux de tête et l'écoulement nasal. On ne sait pas s'il a alors aidé le souverain, mais seul Pierre le Grand a vraiment goûté au café lors de la Grande ambassade en Hollande en 1697.
Pierre a goûté le café du bourgmestre d'Amsterdam et directeur de la Compagnie des Indes orientales, Nicolas Witsen. Comme il a beaucoup apprécié cette boisson, la Hollande a commencé à fournir à la Russie des grains provenant de plantations sur les îles de Java, Sumatra et Ceylan.
Assemblée sous Pierre le Grand, 1858, Stanisław Chlebowski
Musée Russe/Domaine publicLe tsar l'a tellement aimé qu’il a ordonné lors de l'ouverture de la Kunstkamera, le premier musée du pays, en 1714, « de laisser tout le monde entrer librement ici, mais si quelqu'un vient avec le but de regarder des raretés, alors offrez-lui en mon nom une tasse de café ou un verre de vodka ».
Le tsar ordonna de boire du café lors des assemblées, et les couches supérieures furent obligées de suivre ses instructions, bien qu'il leur parût d'une amertume insupportable. À la fin de son règne en 1724, quinze tavernes où l'on pouvait boire du café étaient ouvertes à Saint-Pétersbourg. Certes, elles accueillaient surtout des étrangers.
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Le clergé russe voyait d’un mauvais œil les innovations de Pierre, et le café ne faisait pas exception. Des proverbes sont apparus : « Le thé est maudit dans troisconciles et le café dans sept », « Les pommes de terre sont maudites, le thé est maudit deux fois, le tabac et le café trois fois », « Celui qui boit du café, Dieu le tuera ».
Le premier café où l'on pouvait acheter des grains est apparu à Saint-Pétersbourg en 1740 avec le soutien d’Anna Ioannovna, la nièce de Pierre le Grand. C’était une grande fan de la boisson et elle en buvait tous les matins.
Les cafés appartenaient à des immigrants de Hollande, d'Allemagne et d'Angleterre. Ils préparaient du café dans des cafetières en cuivre ou en étain, le filtraient, puis le buvaient comme ils en avaient l'habitude dans leur pays d'origine : par exemple, à l’allemande, c'est-à-dire sans additifs, à la viennoise - avec de la crème fouettée, ou on y ajoutait du miel, du chocolat ou du sucre.
Portrait de Catherine II, 1770, Fiodor Rokotov
Ermitage/Domaine publicÀ propos d'une autre impératrice russe d'origine allemande, Catherine II, on dit qu'elle buvait jusqu'à cinq tasses de café fort par jour - il fallait 400 g de grains moulus pour lui préparer une tasse. Et il se raconte que lorsque l'un des sujets a bu une tasse de café offerte par l'impératrice, il a failli défaillir - son rythme cardiaque a commencé à augmenter fortement.
Avec la diffusion du café, la divination sur le marc de café a gagné en popularité ; elle a été mentionnée pour la première fois dans des documents du milieu du XVIIIe siècle. À la fin du siècle, des livres étaient déjà imprimés avec des instructions sur la façon d'interpréter correctement les « symboles » du café. Lors des bals et des réceptions dans la haute société, on a commencé à inviter des voyantes qui pouvaient deviner l'avenir dans le marc de café.
Il y a une légende selon laquelle en 1799 une gitane a prédit une mort rapide à l'empereur russe Paul Ier, ce qui a d’ailleurs failli coûter la vie de la voyante. L'Empereur a été assassiné en 1801.
Des étudiants dans des cafés
TASSCependant, ces divertissements, comme le café lui-même, restaient le lot des nobles et des têtes couronnées. Le café n'était pas disponible pour les gens ordinaires jusqu'au début du XIXe siècle.
En 1805, pendant la guerre de la Troisième Coalition (on l'appelle aussi la guerre russo-autrichienne-française), les troupes russes se sont retrouvées en Autriche, où elles ont vu comment la population locale dégustait du café avec plaisir. Les soldats l'ont surnommé « kava » et sont également devenus accros. On dit qu'au début, ils le buvaient avec des cuillères dans de grands bols, comme de la soupe.
Avec l'armée, le café est arrivé en Russie non seulement d'Europe occidentale, mais aussi de l'Est. Les Cosaques qui servaient à la frontière et participaient à la guerre avec l'Empire ottoman (1806-1812) ont capturé des sacs de grains de café et des pots de café turcs spéciaux comme trophées. Ainsi, le café est devenu populaire dans la mer d'Azov et dans le Caucase. Les femmes cosaques ont pris l’habitude d'inviter des amis et des parents à prendre un café à midi. Le café était servi avec de la crème épaisse ou des épices.
Samovar avec deux robinets : l’un pour le thé et l’autre pour le café
Nikolaï PachineUne preuve qu'au XIXe siècle le café pénètre progressivement dans les foyers de toutes les couches de la population : l'apparition en 1820 des samovars-cafetières. Extérieurement, c’était un cylindre aplati avec des poignées plates parallèles au corps. Un tel samovar était accompagné d'un cadre avec une boucle dans laquelle un sac contenant des grains de café moulus était suspendu. Les samovars à café étaient fabriqués en deux sections, l'une pour le thé, l'autre pour le café.
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Dans le même temps, il existait des moyens d'économiser le café : on y ajoutait de la chicorée ou on le brassait à partir d’autres produits (de la farine d'orge grillée, des glands broyés, des betteraves, des pépins de poire, des pelures de pastèque et des racines de pissenlit).
Rafraîchissements, café et vodka, 1913
Frédéric de Haenen/Domaine publicAvant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, des importations de café ont réussi à être mises en place dans le pays, mais en temps de guerre, il a été inclus dans la liste des produits de luxe.
Autour d’une tasse de café, 1913. Leonid Pasternak
Galerie d’art de Koursk portant le nom d’Alexandre Deïneka/Domaine publicEn 1930, le café importé réapparaît dans le pays, mais reste une boisson chère et rare.
Ce n’est que sous Leonid Brejnev (1964-1982) que le café est devenu plus accessible. Le secrétaire général lui-même aimait commencer la matinée avec une tasse de café au lait.
Des cafetières produites en URSS
Maxim Blokhine/TASSÀ cette époque, l'essentiel des approvisionnements provenait du Brésil et de l'Inde. En 1972, l'URSS a lancé sa propre production de café instantané.
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