Cinq anecdotes intéressantes au sujet des immeubles typiques d’URSS

Mikhaïl Potchouïev/TASS
Pourquoi l'URSS a-t-elle construit autant d'immeubles de quatre et huit étages précisément, pourquoi y avait-il une fenêtre entre la salle de bains et une pièce de vie, ainsi que deux portes d’entrée dans chaque appartement?

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Un modèle emprunté à la France

Chantier du quartier de Novyé Tcheriomouchki, dans le sud de Moscou, en 1954

La construction de bâtiments de quatre étages en URSS a commencé à la fin des années 1950. On les appelle aussi « khrouchtchiovka », car la plupart sont sortis de terre durant le mandat du secrétaire général Nikita Khrouchtchev.

Les dirigeants soviétiques souhaitaient fournir des logements au plus grand nombre possible de personnes, soutenir leur réinstallation des villages vers les grandes villes et vider les appartements communautaires. Dans le même temps, les immeubles en panneaux étaient bon marché et spacieux – ceux de quatre étages ne comportaient ni ascenseur ni vide-ordures, et l’on n’y trouvait ni cave ni grenier. Une équipe de construction érigeait de tels édifices en 12 jours si elle travaillait en 3 groupes se relayant. Sous Nikita Khrouchtchev, plus de 13 000 immeubles résidentiels ont été construits en URSS et presque tous étaient à quatre étages.

Or, la technique de construction de bâtiments à partir de panneaux standards a été empruntée en France à l'architecte Raymond Camus. Il a fait breveter cette méthode en 1949. Une décennie plus tard, l'URSS a acquis en France la première ligne technologique pour la production de panneaux, puis a acheté à Camus une licence pour le schéma de production en série de produits en béton, qui a ensuite été retravaillé par l'ingénieur soviétique Vitali Lagoutenko. Son travail a donné lieu à la série K-7, correspondant aux bâtiments soviétiques de quatre étages.

Huit étages, gage d’économie

Construction d'immeubles dans le district moscovite de Khorochiovo-Mniovniki, février 1963

Après le boom des immeubles de quatre étages, l’on a, au début des années 60 en URSS, commencé à construire des bâtiments de huit étages. Si une version plus élevée n’a pas été choisie, cela s'explique par les économies impliquées. En effet, alors que les bâtiments de quatre étages étaient construits sans ascenseur et que ceux de huit, selon les normes soviétiques, en nécessitaient un, dans un immeuble de dix étages ou plus, il en aurait fallu un deuxième pouvant faire office de monte-charge.

Un autre facteur était la sécurité incendie. La hauteur d'une échelle standard de camion pompier était de 28 mètres, soit exactement la hauteur pour atteindre le huitième étage. Si le bâtiment avait été plus élevé, les exigences en matière de sécurité incendie auraient forcé à la construction de cages d'escalier désenfumables et de puits de désenfumage avec un système d'extraction artificielle. Tout cela aurait également augmenté le coût des chantiers.

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Des halls peints en vert ou bleu

Dans une khrouchtchiovka à quatre étages de Moscou, en juin 2017

La peinture verte était largement utilisée pour le camouflage des véhicules militaires, et la bleue pour les camions et les machines agricoles. Ces deux couleurs étaient donc toujours produites en abondance en URSS.

Les finitions des halls d’immeubles de quatre et huit étages étaient quant à elles généralement réalisées comme suit : la moitié inférieure des murs était peinte, tandis que la moitié supérieure était blanchie à la chaux. La peinture était plus pratique, mais la chaux permettait aux murs de « respirer », ce qui les protégeait plus longtemps contre la moisissure.

La partie peinte était facile à nettoyer par les habitants eux-mêmes. Par ailleurs, en cas d'incendie, le contraste entre la peinture et la chaux à hauteur des yeux formait une ligne vive dans la fumée et était destiné à aider les résidents à sortir. En outre, le vert et le bleu sont des couleurs très saturées, qui cachent bien les défauts et les imperfections de la peinture.

Double porte d’entrée

Lors de la construction des khrouchtchiovka, de simples portes en bois étaient installées dans les appartements. Elles ne retenaient toutefois pas la chaleur et n'offraient pas une isolation acoustique fiable. Les résidents essayaient donc de les isoler eux-mêmes en y fixant de la mousse de polyester et en les recouvrant de cuir artificiel. Ensuite, toujours dans le même but, une seconde porte était mise en place. Un avantage supplémentaire était ainsi que l'on pouvait disposer d’encore plus de serrures, augmentant la sécurité.

Fenêtre insolite pour la salle de bains

Une fenêtre dans la salle de bains donnant sur une autre pièce du logement et non sur l’extérieur peut sembler aujourd'hui une solution de design intéressante, mais à l'époque soviétique, cela était pratiqué dans les khrouchtchiovka à des fins pratiques : plus de lumière, une meilleure ventilation et moins de bactéries. De cette manière, il n'était pas nécessaire d'allumer la lumière pendant la journée. Les habitants faisaient par ailleurs souvent preuve de créativité dans la décoration de ces vitres, en accrochant des rideaux, en installant des vitraux ou en les recouvrant de peinture. De plus, si une personne faisait un malaise dans la salle de bains, les proches avaient rapidement accès à la pièce.

Dans cet autre article, nous vous expliquions dans quelle mesure les citoyens ordinaires d’URSS pouvaient s’acheter un logement.

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