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Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer la véritable apparence des beautés russes du passé lointain – l’art du portrait n’a commencé à se développer en Russie qu’au début du XVII siècle. Initialement, il s’agissait de parsunas, ce genre transitoire entre l’icône et le portrait laïc. Quant à la peinture au sens habituel, elle n’est arrivée au pays que sous Pierre le Grand. Grâce à l’œuvre des portraitistes (et ensuite des photographes), une énorme quantité de portraits immortalisant la beauté des muses du passé sont arrivés à nos jours.
Issue de la petite noblesse, elle n’aurait pu même rêver, selon les coutumes d’antan, d’un mariage avec le tsar. Cependant, la jeune femme a été élevée dans la maison de l’influent boyard Artamon Matveïev et c’est chez lui qu’elle a rencontré son future époux, Alexis Ier. Quelques semaines plus tard, les noces ont été célébrées.
Le diplomate et voyageur courlandais Jacob Reitenfels la décrivait ainsi : « C’est une femme dans ses années les plus florissantes, de stature majestueuse, avec des yeux noirs, un visage agréable, une bouche ronde, un front haut et une proportionnalité gracieuse s’observe dans tous ses membres du corps. Elle a une voix sonore et agréable, et ses manières sont des plus gracieuses ».
Jeune, cette fille de Pierre le Grand était connue pour son étonnante beauté. Le diplomate et miliaire espagnol James Stuart, duc de Líria, a écrit ce qui suit à son propos : « Je n’ai pas connu de belles pareilles. La couleur de son visage est étonnante, les yeux sont flamboyants, la bouche est parfaite, le cou est des plus blancs et sa silhouette est étonnante. Elle est grande et extrêmement vive. Elle danse bien et monte à cheval sans la moindre crainte. Il y a beaucoup d’intelligence et de gentillesse dans ses manières, mais une certaine ambition est perceptible ».
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« Qui en Russie ignore le nom de Marie Antonovna ? Je me souviens comment, au cours de ma première année à Pétersbourg, je suis resté bouche bée devant sa loge, étonné par sa beauté. Elle était tellement parfaite qu’elle semblait juste impossible ; je ne peux dire qu’une chose : à Pétersbourg, où les beautés ne manquaient pas à l’époque, elle était la meilleure de toutes », écrivait le mémorialiste Philippe Weigel. C’est lui qui a mentionné dans ses écrits sa relation avec le tsar Alexandre Ier – les contemporains n’étaient pas au courant de cette liaison.
Le poète Piotr Viazemski, ami d’Alexandre Pouchkine, la décrivait ainsi : « Des yeux noirs et expressifs, d’épais cheveux noirs tombant sur ses épaules en boucles sinueuses, un visage mate, un sourire bon enfant et gracieux : à cela s’ajoute une voix, une prononciation inhabituellement douce et euphonique... De manière générale, par sa beauté [...] elle rappelait une sculpture grecque antique. Rien en elle ne révélait une quelconque préoccupation sciante ou une ingéniosité ou une agitation féminine quotidienne. Au contraire, il y avait en elle quelque chose de clair, de calme, d’un peu paresseux, de dépassionné ». Viazemski et Pouchkine ont visité son salon, et ce dernier était apparemment amoureux d'Avdotia. Le poète a dédié 3 poèmes à la « Princesse de la Nuit », comme l’appelaient ses contemporains pour ses réceptions tenues tard.
L’épouse du poète russe était considérée comme la première beauté de Saint-Pétersbourg. Sa contemporaine Nadejda Eropkina écrivait : « Dès son adolescence, Nathalie se distinguait par une beauté rare. On l’a présentée tôt au monde et elle a toujours été entourée par un essaim d’admirateurs. Elle participait en outre aux charmantes scènes vivantes mises en place chez le gouverneur général Golitsyne, suscitant l’admiration de tous. La place de la première beauté de Moscou était la sienne.
Natacha était vraiment belle et je l’ai toujours admirée. L’enfance passée dans l’air pur de la campagne lui a procuré une santé florissante. Forte, adroite, elle était inhabituellement proportionnée, si bien que chacun de ses mouvements était rempli de grâce. Les yeux sont gentils, joyeux, dotés d’une flamme tisonnant sous de longs cils de velours. Mais le couvert d'une modestie pudique a toujours arrêté les impulsions trop vives. Son principal charme résidait dans l’absence de toute affectation et son côté naturel. La plupart y voyait une coquette, mais cette accusation est injuste.
Ses yeux habituellement expressifs, un sourire charmant et une attrayante simplicité conquéraient tout le monde ».
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Fille cadette de Pouchkine, elle a hérité de la beauté à sa mère. Voici ce que pensait à son propos Sergueï Zagoskine, fils de l’écrivain Mikhaïl Zagoskine :
« Je n’ai jamais vu de femme plus belle ! C’était Natalia Alexandrovna Dubelt, née Pouchkine, fille de notre poète immortel. Grande, extrêmement élancée, avec des épaules magnifiques et un merveilleux visage blanc, elle brillait d’un éclat éblouissant. Malgré les traits peu réguliers, [...] elle pouvait être qualifiée de beauté parfaite. Et si l’on conjugue cette beauté avec l’intelligence et la courtoisie, on peut imaginer sans difficulté comment elle était entourée aux bals et comment tous les jeunes dandys tournaient autour d’elle ».
Le premier mari de Natalia, Mikhaïl Dubelt était un joueur juré. Il a gaspillé non seulement sa propre fortune, mais aussi la dot de sa femme. Après leur divorce, Natalia a trouvé son bonheur en épousant l’aristocrate allemand Nicolas de Nassau.
« Elle était considérée comme une beauté non seulement à l’échelle de Saint-Pétersbourg, mais aussi à européenne. Brillant aux stations thermales et aux baignades de Biarritz et Ostende ainsi qu’aux Tuileries, en pleine effervescence du luxe de l’impératrice Eugénie et du faste de Napoléon III, Korsakova partageait ses succès entre le haut monde saint-pétersbourgeois et la cour française, où elle était appelée Venus », écrivait à son propos le prince Dimitri Obolensky.
À plusieurs reprises, cette beauté s’est retrouvée au centre de scandales. Ainsi, en 1863, elle s’est présentée à un bal en robe en gaz semi-transparente. L’on raconte que des gendarmes sont intervenus pour l’expulser de la soirée.
Héritière de l’une des plus riches familles de l’Empire russe, elle était l’une des fiancées les plus prisées de la capitale. Même des représentants des familles royales européennes ont demandé sa main, mais elle a donné son cœur à un simple officier qui accompagnait l’un de ses malheureux prétendants.
L’infante d’Espagne Eulalie de Bourbon l’a décrite ainsi : « La princesse était extraordinairement belle, de ce genre de beauté qui est un symbole de l’époque. Elle vivait entourée de peintures et de sculptures dans un cadre somptueux de style byzantin... Au déjeuner, l’hôtesse portait une robe de parade, brodée de diamants et de merveilleuses perles orientales. Majestueuse, souple, coiffée d’un kokochnik en perles et diamants. Ce diadème à lui seul coute toute une fortune. De superbes joyaux, trésors occidentaux et orientaux, complétaient la tenue. Avec des colliers de perles, de lourds bracelets en or aux motifs byzantins, des boucles d’oreilles en turquoise et des perles, des bagues scintillant de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, la princesse ressemblait à une antique impératrice... ».
Cette aristocrate géorgienne était demoiselle d’honneur de la dernière impératrice de Russie. L’on raconte que même Nicolas II a été impressionné par sa beauté et qu’il aurait dit lors de leur première rencontre : « Être aussi belle est un péché, princesse ».
Après la révolution de février, elle est rentrée en Géorgie, puis, après l’arrivée des bolcheviks au pouvoir, elle est partie pour la France, où, en 1925, elle est devenue mannequin chez Chanel.
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