Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
« Un homme des plus honnêtes et des plus savants ». C’est en ces termes élogieux que Sir Charles Whitworth, ambassadeur britannique à Saint-Pétersbourg de 1705 à 1710, décrivait Jacob (James Daniel) Bruce, l’un des plus proches compagnons de Pierre Ier. Appartenant au clan des Bruce, qui donna à l’Écosse plusieurs rois, Jacob Bruce naquit à Moscou où sa famille s’était installée à la fin des années 1650. Grand érudit, il s’illustra comme mathématicien, astronome, ingénieur, traducteur et diplomate. Certains pensaient qu’il était aussi nécromancien.
Ce fut toutefois à l’artillerie que Jacob Bruce consacra sa vie. Durant la Guerre du Nord contre la Suède (1700-1721), Pierre Ier lui confia le commandement de tout le corps d’artillerie de l’armée russe qu’il modernisa et rendit plus efficace qu’il ne l’était jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
Jacob Bruce mit au point de nouveaux types d’armement, travailla inlassablement à augmenter leur fiabilité, leur puissance, leur portée et leur mobilité. Il veilla aussi à ce que les armes soient fabriquées selon les standards établis. Il ne négligea pas non plus la nécessité de former en quantité suffisante des artilleurs, qui étaient à ses yeux l’élite de l’armée russe.
Les efforts de Jacob Bruce portèrent très rapidement leurs fruits. Dès 1702, le siège de la forteresse suédoise de Nötborg (Orechek, future Schlüsselburg) fut victorieux. Furent ensuite prises Nyenskans, Dorpat et Narva. La puissance de feu donné par l’artillerie placée sous le commandement de Jacob Bruce fut décisive dans la victoire russe de Poltava (1709), qui marqua un tournant dans le conflit entre la Russie et la Suède.
Douze ans plus tard, à Nyeskans, Jacob Bruce et Andreï (Heinrich) Ostermann négocièrent avec les Suédois le traité de paix qui allait mettre fin au conflit. La Russie obtint « la propriété inconstestée et perpétuelle » de l’Ingermanland, du Livland (le nord et le centre de la Lettonie actuelle), de l’Estland (actuelle Estonie) et du sud-est de la Finlande. Cette même année 1721, Pierre le Grand fit de la Russie en un empire.
Tout comme Jacob Bruce, Georg von Henning, ingénieur allemand arrivé en Russie en 1697, servait « la divinité de la guerre » : l’artillerie. Au début du conflit avec la Suède, il enseigna l’art de l’artillerie et participa à la prise de Vyborg et de plusieurs autres forteresses suédoises.
Ayant discerné en Georg von Henning des qualités d’organisateur hors du commun, Pierre Ier lui confia la construction d’armureries et de poudreries à Saint-Pétersbourg et en Carélie. L’entreprenant Allemand y fonda même Marcial, la première station thermale du pays.
En remerciement de ses bons et loyaux services, Georg von Henning reçut un portrait de Pierre Ier rehaussé de diamants. Le souverain l’envoya ensuite donner un nouveau souffle à l’industrie de l’Oural. En douze ans, Vilim Ivanovich, comme on commençait alors à l’appeler en Russie, modernisa non seulement la production dans les fabriques existantes, mais construisit neuf usines nouvelles autour desquelles se développeraient plus tard les centres régionaux de Perm et Ekaterinbourg.
En 1661, Patrick Gordon, homme d’armes déjà expérimenté, entra au service du tsar Alexeï Mikhaïlovitch, le père de Pierre Ier. Ce « courageux soldat » écossais avait déjà participé à plusieurs campagnes militaires menées par les Polonais et les Suédois.
En 1689, année où la lutte pour le pouvoir entre Sophie et son demi-frère Pierre Ier atteignit son apogée, Patrick Gordon commandait le second régiment d’élite de Moscou. Il prit le parti du jeune tsar et lui permit ainsi d’écarter sa demi-sœur du trône . Pierre Ier lui accorda ensuite toute sa confiance.
Un des objectifs du tsar était de créer une armée puissante selon des principes résolument nouveaux, capable de défier celles des puissances européennes. Les connaissances et l’expérience de Patrick (Piotr Ivanovitch) Gordon furent donc particulièrement utiles à Pierre Ier. Brillant spécialiste dans l’art de la guerre, l’Écossais ne fit pas que conseiller le tsar. Il s’occupa aussi de la préparation militaire des régiments Semionov et Preobrajenski formés sur le modèle occidental. Sur sa proposition, ces deux régiments furent appelés « régiments de la garde ».
En 1695 et 1696, durant les campagnes d’Azov contre les Ottomans, Patrick Gordon mena lui-même les armées russes au combat. Mais, il ne lui fut pas donné de les commander durant la guerre russo-suédoise. Il décéda en 1699 à l’âge de soixante-quatre ans.
Fils d’un marchand genevois, François Lefort fut un des proches amis et compagnons de Pierre Ier. Comme le tsar, il croyait que la Russie gagnerait à s’européaniser rapidement. Il lui apporta tout son soutien dans cette entreprise.
François Lefort chercha en Europe les meilleurs spécialistes civils et militaires et les convainquit de se mettre au service de la couronne russe en leur affirmant que « par la grâce de Dieu, nous vivons sous un souverain comme il n’en fut jamais de plus favorable aux étrangers ». Il jeta les bases de la marine de guerre russe et œuvra à la transformation de l’armée sur le modèle occidental. Pierre Ier éleva Frantz Iakovlevitch au rang de général et d’amiral.
François Lefort mourut subitement en 1699 à l’âge de quarante-trois ans. Lui non plus ne vit pas le début de la guerre russo-suédoise. « Il était le seul à m’être fidèle. Sur qui aujourd’hui puis-je me reposer ?! », se plaignit alors Pierre Ier, très éprouvé d’avoir perdu un véritable ami. François Lefort laissa son nom à l’un des quartiers de Moscou.
Natif de Bochum, Heinrich (Andreï Ivanovitch) Ostermann était une personnalité remarquable. Il maîtrisait à la perfection l’allemand, le flamand, le français, l’italien, le latin et apprit facilement le russe, après avoir été invité au service du tsar en 1704.
De simple traducteur au Bureau des Ambassades, Heinrich Ostermann se hissa au sommet de cette administration et, avec Jacob Bruce, dirigea les négociations de paix avec la Suède en 1721. Epuisé par ce conflit qui avait duré plus de vingt ans, Pierre le Grand était prêt à faire d’importantes concessions aux Suédois (par exemple, à leur rendre la forteresse de Vyborg). Mais, résolu et opiniâtre, Heinrich Ostermann obtint les meilleures conditions de paix possibles pour la Russie. Pour le récompenser, Pierre le Grand le fit baron.
En 1723, Heinrich Ostermann fit une nouvelle fois la démonstration de ses qualités de diplomate. Il conclut avec la Perse un accord commercial très favorable à la Russie. Par ailleurs, il conseilla le tsar en matière de politique intérieure.
Après la mort de l’empereur en 1725, Heinrich Ostermann continua de présider aux destinées de la politique étrangère de l’Empire russe et mena une réforme d’ampleur de sa marine de guerre.
Le diplomate allemand perdit les faveurs de la couronne en 1740, à la mort de l’impératrice Anne.
Sous Élisabeth, il fut accusé et reconnu coupable de trahison. Condamné au supplice de la roue, il y échappa après que sa peine eut été commuée en exil dans l’Oural. Il y mourut en 1747.
Dans cet autre article, découvrez comment un aventurier français a aidé la fille de Pierre le Grand à monter sur le trône.
Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.