Dans sa déposition, James Comey a accusé le président Trump d’avoir cherché à diffamer le FBI et sa personne pour justifier son limogeage en mai dernier. Il a également réitéré sa conviction concernant l’ingérence « massive » de la Russie dans l’élection américaine.
« Il ne doit y avoir aucune réserve. Les Russes ont interféré avec notre élection durant le cycle de 2016. Ils l’ont fait sciemment. Ils l’ont fait de manière sophistiquée. Ils l’ont fait en déployant des efforts techniques extraordinaires », a déclaré l’ancien patron du FBI jeudi 8 juin.
« On parle d’un gouvernement étranger qui a utilisé l’intrusion technique et bien d’autres méthodes pour essayer de façonner la manière dont on pense, vote et agit. C’est très grave », a-t-il insisté.
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Pour Iouri Rogoulev, directeur de la Fondation pour les études américaines à l’Université d’État de Moscou, deux raisons ont pu inciter l’ancien responsable du FBI à faire ces déclarations. « Premièrement, Comey pourrait être motivé par ses inclinaisons idéologiques. La Russie est un ennemi et fait tout dans son pouvoir pour nuire aux intérêts américains. C’est ce qu’il croit, tout simplement. C’est un élément de foi », suggère l’expert dans un entretien avec RBTH.
Par ailleurs, il peut également s’agit de calculs stratégiques rationnels de la part de Comey. « Nous avons assisté, à maintes reprises, à la production par les services secrets américains d’informations qui étaient attendues de leur part. Autrement dit, ce n’est pas forcément toujours la vérité », indique Rogoulev.
Le comportement suspect de Comey dans l’épisode électoral est un élément important qui affaiblit la déposition de Comey. Outre la manière dont il a géré l’enquête du FBI sur les emails d’Hillary Clinton, qui a été largement critiquée à travers le spectre politique, l’expert pointe les méthodes douteuses auxquelles Comey recourt pour essayer de se défendre après avoir été limogé pour son incompétence présumée.
Pour Rogoulev, en se concentrant sur la figure de Donald Trump, les médias ignorent la question de la légalité du partage avec la presse de mémos que le responsable du FBI a rédigés sur ses rencontres avec le président. De telles informations sont généralement classifiées, même si Comey n’était plus employé par l’État au moment où il a fuité les mémos en question au NYT.
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La déposition de Comey participe du climat antirusse régnant aux États-Unis, qui empêche Washington d’afficher des gestes amicaux à l’égard de la Russie et de chercher des compromis avec Moscou, affirme l’expert. Vues sous cet angle, les déclarations de l’ancien patron du FBI ne feront que contribuer à une nouvelle détérioration des relations entre les deux pays.
Dans le même temps, il est difficile d’imaginer comment ces relations pourraient être pires, estime Alexandre Konovalov, ancien analyste de l’Institut des études américaines et canadiennes et actuel directeur de l’Institut des évaluations et analyses stratégiques, basé à Moscou.
L’expert souligne cependant le domaine dans lequel les contacts entre Washington et Moscou sont extrêmement importants et toujours maintenus, notamment la question du contrôle des armements. « Ces contacts sont essentiels pour les deux pays, quoi que l’ancien patron du FBI puisse dire dans sa déposition devant le Sénat », nous explique l’analyste avant d’avertir que la rupture de ces liens pourrait avoir de très graves conséquences.
La déposition de Comey n’a apporté aucune preuve permettant de lier Donald Trump à Moscou, indiquent les médias russes. Le fait que cette histoire manque de preuves est souvent pointé par les responsables russes, comme cela a récemment été le cas du président Poutine, et par la presse russe.
Dans un entretien avec RBTH, Rogoulev souligne un autre élément important de ce scandale, à savoir la présomption irrationnelle selon laquelle la Russie pourrait souhaiter influencer les résultats des élections aux États-Unis.
« Influencer les élections dans un pays comme les États-Unis suppose travailler avec un pays de plus de 100 millions de personnes en âge de voter. C’est également une fédération avec un système électoral particulier et une législation électorale propre à chaque État. Il est tout simplement impossible de concevoir un programme capable d’influencer l’électorat américain », affirme l’expert.
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