Voyage en Tchétchénie. Crédit : Ksenia Isaeva
Les deux guerres tchétchènes (de 1994 à 1996 et de 1999 à 2000) ont laissé des traces indélébiles sur Grozny. Une commission des Nations unies qui s’y est rendue en visite en 2003 a reconnu, selon les médias locaux, que c’était la ville la plus ravagée de la planète dans l’après-guerre.
Crédit : Ksenia Isaeva
La Russie a lancé dès 2002 un programme national de reconstruction des secteurs social et économique de la région. Selon l’agence russe RBC, début 2016, le montant de l’aide matérielle débloquée à la Tchétchénie par la Russie sous le pouvoir de Ramzan Kadyrov (depuis 2007) a atteint 8 milliards d’euros.
Grozny a été entièrement reconstruite. Aujourd’hui, il ne reste pratiquement plus de bâtiments en ruines et le centre-ville peut se targuer d’avoir des gratte-ciels qui la nuit brillent de mille feux. L’une de ces tours abrite l’hôtel cinq étoiles Grozny City dont le restaurant situé au dernier étage permet d’admirer le panorama de la ville, notamment la mosquée Cœur de la Tchétchénie, deux avenues parallèles, baptisées Poutine et Kadyrov, ainsi que le chantier d’un building, l’Ahmat-tower, qui, du haut de ses 80 étages, sera la plus haute tour de Russie et la plus haute terrasse panoramique d’Europe. D’ailleurs, Grozny raffole des superlatifs. C’est ainsi que cette année, la ville possède le sapin de Noël « le plus grand et le plus lourd de Russie ».
Crédit : Ksenia Isaeva
L’une des premières questions qui surgit en Tchétchénie, c’est pourquoi on voit partout des portraits du premier président de Tchétchénie, Akhmat Kadyrov (père de Ramzan Kadyrov). « Parce que tout le monde veut ressembler à Ramzan, nous explique une jeune fille vêtue d’une robe longue et portant un foulard sur la tête. Sa famille respecte les traditions et nous prenons exemple sur elle ».
Crédit : Ksenia Isaeva
Pour les experts, l’explication se trouve plutôt dans l’histoire récente de la Tchétchénie. « La société tchétchène compare la situation actuelle dans la république à celle des années 1990. Un tel amour pour le numéro un de la république est une sorte de reconnaissance pour l’absence de conflits », a indiqué Sergueï Markedonov, expert des problèmes du Caucase à l’Université des sciences humaines de Russie.
Crédit : Ksenia Isaeva
Selon le site du Parquet général de Russie, la Tchétchénie reste encore, d’après le niveau de menace terroriste, l’une des régions les plus dangereuses du pays : elle est le « numéro deux », juste derrière le Daghestan voisin. Et bien que le régime d’opération antiterroriste ait été levé dans la république dès 2009, il reste toutefois encore en vigueur dans quelques régions montagneuses, indiquent les voyagistes.
Les montagnes sont le patrimoine national de la Tchétchénie. Sur l’un des itinéraires touristiques, passant par les gorges de l’Argoun, on peut se familiariser avec l’ancienne culture du peuple tchétchène, admirer des tours militaires construites à la fin du Xe siècle et découvrir les sources d’eau sulfureuse. Un autre itinéraire nous emmène au lac Kezenoï-Am (qui veut dire « bleu » en tchétchène), à la frontière avec le Daghestan, ancien site d’entraînement de la sélection soviétique d’aviron devenu aujourd’hui un centre de vacances avec son téléphérique.
Tours militaires. Crédit : Muslim Alimirzaev
« La boue tchétchène ressemble à l’homme tchétchène, une fois que c’est collé, impossible de les retirer ! », sourit le chauffeur du car pendant que les touristes essaient de se débarrasser de la gadoue après un arrêt à une terrasse panoramique dans les montagnes. Pendant un voyage en Tchétchénie, il faut être prêt à affronter aussi bien la boue qui couvre les chaussures que l’attention excessive des montagnards. Toutefois, le guide veille à la sécurité du groupe.
Sur la route, nous rencontrons plusieurs postes de police avec des hommes armés. Le car s’arrête à chacun des postes, les touristes russes doivent avoir une pièce d’identité sur eux. Pour les étrangers, les conditions sont un peu plus sévères. « Pour se rendre en montagne, ils doivent présenter une demande spéciale deux mois à l’avance, a précisé un employé du premier voyagiste tchétchène Visit Chechnya, Zaret Zoulaïev. Nous leur enverrons un formulaire et préparerons tous les documents nécessaires pour le Service fédéral de sécurité (FSB) ». Si l’étranger ne prévoit pas de quitter Grozny, il ne faut remplir aucun formulaire, a-t-il ajouté.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.