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Les forêts constituent la plus grande partie du trajet. Parfois, les paysages constitués de rangées infinies d'arbres à la fenêtre peuvent rester inchangés des heures durant. De nombreux passagers considèrent cela comme une sorte de méditation rythmée par le bruit des roues.
Cependant, les forêts ne sont pas les mêmes partout. Le premier jour, la forêt de feuillus avec des bouleaux fait place à des épicéas massifs. Le deuxième, le train atteint les montagnes de l'Oural, et des pins bas apparaissent, poussant dans les gorges et les vallées entre les crêtes de montagnes.
« Les vallées de la rivière Vichera sont, à mon goût, le plus beau paysage que nous ayons vu en six jours », écrit le journaliste Iouri Lepski.
En Sibérie orientale et en Extrême-Orient, domine la taïga de conifères – les ours et les tigres de l'Amour en sont les maîtres, mais il n'est guère possible de les voir depuis la fenêtre du train.
À la fin du deuxième jour, alors que le train traverse les montagnes de l'Oural et entre dans la partie asiatique de la Russie, il approche de la frontière avec le Kazakhstan. Les forêts déjà clairsemées disparaissent soudainement et un quasi-désert se profile à l'extérieur. La steppe plate s’étendra sous vos yeux durant une heure et demie. Ainsi commence la Sibérie occidentale.
Le nom du chemin de fer parle de lui-même – il traverse la Sibérie. Et la plupart du chemin est précisément cela, la Sibérie sans fin. Néanmoins, cette dernière ne se résume pas à la taïga et à la neige. On y trouve des villes, des montagnes et bien plus encore – en fait, presque toute la Russie.
« La Sibérie est colorée : les bouleaux sont beiges, les champs labourés sont bruns, les trains russes sont rouges, les prairies sont vertes, le ciel est bleu clair, les portes et les toits des voitures sont bleus foncé », décrit le photographe Todd Selby, qui a parcouru la « Grande route de Sibérie », de Paris à Shanghai.
L'Enisseï
Ninaras (CC BY-SA 4.0)En traversant le pays, le train franchit également une bonne partie des grands fleuves et rivières de Russie. La Kama, l'Ob, l’Enisseï, l'Amour... Et plusieurs autres plus petits aussi. Le train passe lentement sur les ponts, ce qui permet de contempler les larges cours d’eau dans toute leur splendeur.
Vue sur l'Enisseï depuis un pont de la région de Krasnoïarsk
Legion MediaÀ propos, il n'y a pas si longtemps encore, à Krasnoïarsk, l’itinéraire du Transsibérien passait par le pont au-dessus de l’Enisseï qui a remporté la médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1900. Le jury était présidé par Gustave Eiffel en personne. Pendant l'ère soviétique, deux nouveaux ponts ont été construits pour augmenter la capacité, et en 2007, le vieux pont impérial a été démantelé.
« J'ai vraiment aimé les couchers de soleil sur les grands fleuves – la Volga et l'Amour. Incroyablement beau ! », a commenté le photographe autrichien Georg Wallner, qui a voyagé le long du Transsibérien en 2019.
Lire aussi : À quoi ressemble la vie à bord du Transsibérien? (photos)
Gare de Slioudianka
Legion MediaPour ceux qui aiment les trains et les chemins de fer, le Transsibérien est un voyage au paradis. Il est difficile d'imaginer un autre endroit où l'on peut voir autant de gares et autres stations. Les rails interminables de cette voie, construite à la fin du XIXe siècle, s'étirent, serpentent et tournent. Dans n'importe quelle grande gare, un voyageur non averti pourrait s'étonner du nombre de voies principales et de réserve, ainsi que des wagons sans fin, des trains de marchandises chargés de charbon, de citernes et de toutes sortes de marchandises. Et bien sûr, des trains de voyageurs de toutes variétés et des passagers en provenance des quatre coins du pays.
Les plus belles stations de cet itinéraire sont les gares ferroviaires – certaines d'entre elles sont étonnamment élégantes et monumentales, beaucoup ayant été construites à l'époque impériale. La gare de Slioudianka, par exemple, est bâtie en marbre ! Dans les grandes villes, le train s'arrête longtemps, parfois pendant une heure (l'arrêt le plus long, à Khabarovsk, est de 70 minutes), de sorte que vous pouvez aisément explorer les gares, voire leurs alentours. Découvrez ici les plus belles d'entre elles (selon notre sélection, évidemment).
Sur les rives du Baïkal
Legion MediaÀ la fin du troisième jour, le train sort d'un tunnel et se retrouve au bord du lac Baïkal. Le chemin de fer Circum-Baïkal donne au voyageur le bonheur de pouvoir observer l'un des plus grands lacs du monde pendant plus de deux heures. Ne manquez pas ce moment – de la station Slioudianka mentionnée plus haut à celle de Myssovaïa.
Tunnel près du Baïkal
Legion MediaLes montagnes commencent après Perm, en Russie occidentale – le train traverse alors la « ligne de partage des eaux » – l'Oural, séparant Russie européenne et asiatique. Dans le sud de la Sibérie, ce sont les sommets des monts Saïan qui attendent le voyageur. Au sud du Baïkal, le passager aperçoit ensuite la chaîne de montagnes de Khamar-Daban, puis la longe un certain temps. On peut également voir des pics en traversant la Bouriatie, d'Oulan-Oudé à Tchita, la capitale de la Transbaïkalie.
En Extrême-Orient, dans la région de l'Amour et la région autonome juive, le train traverse la chaîne de montagnes Khingan et passe par sept tunnels, dont certains font jusqu'à deux kilomètres de long. Enfin, sur la section de l’Oussouri, parcourant les régions de Khabarovsk et du Primorié, vous pourrez contempler la cordillère de Sikhote-Aline – la frontière avec la Chine n’est pas bien loin.
Statue de la tête de Lénine, la plus grosse au monde, à Oulan-Oudé, Bouriatie
Legion MediaLe Transsibérien passe par 90 villes russes. Depuis Moscou, le train circule à travers :
- les cités médiévales de Iaroslavl et Kostroma,
- les principales villes de l'Oural – Perm et Ekaterinbourg,
- les villes sibériennes de plus d’un million d’habitants – Novossibirsk et Krasnoïarsk,
- Irkoutsk, porte du Baïkal, où les rebelles décembristes ont été exilés à l'époque tsariste,
- Oulan-Oudé, capitale de la Bouriatie bouddhiste
- Birobidjan, capitale de la région autonome juive (aviez-vous même connaissance de son existence ?).
Enfin, l’itinéraire se termine dans les cités les plus orientales de Russie, Khabarovsk et Vladivostok. Si vous traversez toutes ces villes, vous pourrez ressentir la diversité de notre pays, surtout si vous descendez du train et vous promenez dans certaines d'entre elles. Voici d’ailleurs nos conseils concernant les principales haltes à effectuer sur cet itinéraire.
Toutefois, en dehors de ces grandes villes, de la fenêtre du train, l’on peut observer d’innombrables maisons de bois, de pittoresques villages, certes parfois abandonnés, ainsi que de vieilles églises. Sans oublier les Russes qui vivent le long de la voie ferrée.
Dans cet autre article, nous vous révélions ironiquement six raisons de ne jamais prendre le Transsibérien.
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